Le nouveau
week-end événement organisé par LES 3 FILS à la Galerie DAMIAN
YEE
Venez découvrir ou
retrouver les oeuvres de Pierre-Michel SIVADIER, Fabienne DIDIER
et Arnaud CARPENTIER à l'occasion de la sortie de l'ouvrage
"Rien ne vaut le présent" aux Editions Maïa.
Entrée libre
: vendredi 4, 18h-19h; samedi 5, 10h-15h30; dimanche 6,
10h30-15h30
Concerts-lecture
sur réservation : Pierre-Michel Sivadier accompagné de jeunes
artistes, vendredi 4 à 19h, samedi, 5 à 16h, dimanche 6 à 15h30.
Jeu concours, Lectures, Tables-rondes, DJ set.
Jam session
sur inscription
Suite à la loi obligeant les géantes plateformes à
facturer des frais de livraison pour les petites
commandes de livres, la fréquentation d'un libraire
est largement conseillée.
L'idéal est donc de commander en ligne et de
retirer — sans frais quel que soit l'éditeur — en librairie avec parfois, des avantages tarifaires...
Un journal politique, poétique et musical pour dire le présent, témoigner
d'âmes, de leurs espoirs, de leurs révoltes.
— Tenez, je vais prendre... Voyons... Mettez-moi s'il vous plaît... quatre
mini-Trump à la française. Deux amendes - amandes, pardon - et deux au café.
*
Les toits des villes, au dîner, scintillent comme une douce crête, orange,
panoramique.
Plus tard ils s'éteindront, un à un vacillants...
*
Nous avons tous été ainsi, adolescents privilégiant le vraisemblable et le
véridique abondé de considérables détails, à la conséquence sèche et conclusive
qui aurait tenu en trois mots : je serai absent.
*
Impossible de taire, de passer sous silence.
Je risquerais l’oubli, et peut-être estimerais-je que rien de la sorte n'est
jamais arrivé.
*
« Ce livre m'a procuré un
bonheur fou de gourmandise littéraire. Adoré le swing de ces divagations, d'un
sujet à l'autre, d'un rêve à un trébuchement de la vie réelle. Ai pensé lui
accorder le Goncourt si j'en étais juré (ces pages-là m'ont mis en joie).
Un régal dans la forme et dans le fond car d'un bout à l'autre, j'entends cette
singulière et vibrante signature, le son et le souffle des musiciens.»
Alex Dutilh, Open Jazz -
France Musique
«Texte magnifique
qui offre une respiration salutaire dans une époque qui coupe le souffle.
Vocabulaire et syntaxe au scalpel qui consolent nos sentiments d’impuissance et
attisent notre désir de se relever les manches.»
Jean-François Sivadier
« Journal de bord
(2020-2023) en même temps qu’un carnet de notes tous horizons. Une sorte de
poste d’observation privilégié depuis le regard sensible d’un artiste qui
accorde à la musique des mots une très grande valeur. On tourne les pages
avidement. On rit, on tape du poing sur la table, on aime… on vibre, toujours,
parce que la vie est là. Essentiel.»
Denis Desassis - Citizen Jazz
« Pierre-Michel Sivadier
m'est apparu comme un chat qui sait sans savoir ; qui attend le moment singulier
pour se mettre au pluriel. Cette période de Covid a créé un contretemps que
l’auteur a orchestré. Me suis laissé porter par ses sonorités, par les
dissonances de sa pensée, et j'y ai senti une présence. Une présence amie. »
Philippe Sturbelle
« L'auteur a la politesse
de l'optimisme, envers et contre tout, et une capacité admirable à s'émerveiller
d'un rien : enfant glissant le long d'un toboggan, ou arrivée du printemps.»
Livres d'Avril
Pierre-Michel
Sivadier est pianiste, compositeur, interprète mais aussi poète et écrivain.
Auteur d’une œuvre multiforme mêlant la musique et les mots, il a travaillé avec
de nombreux artistes parmi lesquels Christian Vander, Jane Birkin, James Ivory.
Il collabore à une trentaine d’albums, en publie trois sous son nom — dont le
dernier Si, un opus rythmé de poésie pure aux guitares acérées et
percussions orientales où les « vies rimbaldiennes » côtoient « les désordres et
les chairs ». Le disque inclut une reprise de À la grâce de toi composé
pour Jane Birkin, que la chanteuse avait intégré dans son album Enfants
d’hiver.
Cette collaboration marquera le musicien qui peindra un portrait saisissant de
l’artiste dans son ouvrage Mets du Jour. Ainsi la littérature rejoint la
musique, comme dans les nombreux poèmes et chansons publiées par le pianiste.
Dans ses ouvrages, Pierre-Michel Sivadier cherche à construire une langue, un
son littéraire fait de rythmes et d’assonances qui, tantôt va cerner la réalité
au plus près, saisir étroitement l’instant, tantôt s’en affranchir, oublier les
conventions narratives et quitter le rationnel pour créer la surprise, le rire
ou l’évasion.
De cette veine créatrice, naissent des livres dans lesquels la musique joue un
rôle considérable, sinon le premier : Paùl Jack (vie de deux musiciens), Mets
du Jour (journal, musique, portraits), L’Être que je suis (monologue
d’un chat plasticien). Fin 2023, paraît Désordres un « journal politique,
poétique et musical pour dire le présent, témoigner d’âmes, de leurs espoirs et
de leurs révoltes. »
Les écrits de l’auteur s’inscrivent toujours dans une actualité brûlante qu’ils
tentent de transcender ou de percuter avec une joie, un humour et une insolence
toute musicale.
J'ai fait la sieste en plein soleil, sur un toit. J'avais réservé depuis deux
semaines. Là-bas, j'ai réfléchi, abondamment pensé. Je me demande si je ne vais
pas à nouveau déménager. Cette instabilité permanente me caractérise. Elle me
nourrit aussi. J'ai besoin de ces détours, de ces méandres. Ils sont nécessaires
à ma construction.
Si je suis l'être que je suis, c'est parce que j'ai beaucoup voyagé. Beaucoup
comparé aux collègues. Moi qui suis né à Belleville, j'ai facilement franchi le
périphérique...
Subtil, précieux, délicatement mystérieux, comme son félin de salon préféré,
l’auteur de L’Être que je suis embarque son lecteur sur les traces légères d’un
chat très personnel.
Un chat ? Ou une de ces créatures duplices qui se déguise de fourrure et de
griffes pour exprimer tout ce qui lie l’animal à l’humain autant que l’humain à
l’animal et qui fonde leur énigmatique complicité ?
Entre deux maisons dont il chante les mérites et les désagréments, le Prince de
velours fait entendre la musique de ses plaisirs, de sa mélancolie et de ses
rêves, tout en parcourant son territoire à la recherche d’expériences
renouvelées et de rencontres marquantes.
A hauteur de chat, c’est toute une perception du monde qui se déploie, faite de
sensibilité extrême et d’orgueil vulnérable, de sensualité exigeante et de
sentimentalité pudique.
Après la lecture de L’Être que je suis, on se retournera sur chaque chat de
gouttière croisé au coin d’une rue, intrigué au plus haut point par les secrets
de ses yeux qui font semblant de nous ignorer pour mieux nous deviner.
Le chat de Paùl Jack revient et tire la couverture : un livre pour lui tout
seul.
« Un chat qui
chemine nonchalamment dans cette histoire, comme s’il se jouait de la plume de
son créateur en plein travail, avec son caractère bien trempé, bien félin.
Ce maître chat si drôle qu’on le prend au sérieux, avec sa gourmandise, ses
jeux, ses réflexions, ses caprices… Personnage à part entière, sensible et
souverainement jaloux de l’attention de Jack. »
« Un chat philosophe, au centre et à l'extérieur de l'action, qui monologue sur
le monde en analysant, avec le même sens du détail, la qualité de sa nourriture
et le comportement de ses maîtres. »
Mais au contraire, tout devient spécialement étonnant dans ce récit de
Pierre-Michel Sivadier, écrit comme un journal, à la première personne, et qui
d’emblée nous demande de nous mettre à la hauteur du narrateur, soit de
descendre vers le sol pour jouir d’un point de vue qui métamorphose le monde
matériel en univers fantastique.
La nuit, la ville, la cuisine, les armoires, la nature, la voix humaine, les
bruits et les matières, tout change de dimension dans ce voyage où nous embarque
un chat philosophe qui balade son regard comme une caméra subjective sur tout ce
qui l’entoure, évitant les plans larges et s’attardant sur les détails pour nous
inviter à rêver sur le hors-champ.
Si nous suivons si facilement ce poète à quatre pattes qui nous raconte ses
circulations de Paris à sa banlieue et du plancher aux étagères de la salle de
bains, c’est qu’il nous séduit, dès les premières pages, en faisant de nous ses
confidents, ses complices, nous confiant ses états d’âme, de l’admiration à la
jalousie, du mépris à la tendresse, sa culture musicale, son amour de la
peinture et du cinéma.
À l’affût de tout ce qui pourrait nourrir son insatiable besoin de penser, le
chat ne s’ennuie jamais.
Il bouillonne, se fait des films, commente, ironise, cabotine, affabule,
raisonne et déraisonne, dans un soliloque jubilatoire qui fait toujours dans la
douceur et dans l’économie.
Le chat n’est jamais bavard. Il soigne sa langue, sculpte sa prose comme un
orfèvre le ferait d’une pierre précieuse, avec patience et précision, cherchant
pour chaque idée la tournure parfaite. Le récit suit ainsi le cheminement
toujours poétique d’un acteur-spectateur qui décide, selon l’humeur, d’entrer
dans l’action ou de s’adonner à la contemplation, qui semble nous prendre de
haut mais dont la seule présence, inexplicablement, rassure et réconforte, qui
jouit de la fascination qu’il exerce sur les humains, de l’insondable mystère
que nous projetons sur « sa personne ».
Déjà
présent dans son troisième livre, le chat de Pierre-Michel Sivadier revient pour
nous faire part de son monde intérieur, entre fulgurances de pensées et
quotidien ronronnant.
« Un chat qui parle, qui pense, et
qui à défaut de chanter, écoute chanter sa maîtresse.
Il y a tant de raisons de lire ce livre, qu’on aime les chats ou qu’on ne les
aime pas, d’ailleurs on apprendra qu’ils ne sont pas des anges.
On sera comblé si l’on aime assister au petit théâtre des êtres vivants, humains
et non humains, à leur vie qui coule, parfois spectaculaire, parfois sans éclat.
On se délecte de cette chronique et l’on se réjouit de l’évidence d’un style à
la fois ciselé et limpide.
Miaou donc ! J’espère que « l’être que je suis » sera un jour traduit en langue
des chats, ce ne serait que justice. » Véronique R.
Le cœur du confinement, la pandémie, les étudiants, les concerts,
l'Avant, le Pendant, l'Après.
Comment désormais frissonner en caressant ta joue ? En effleurant ton
épaule ?
Un journal de l'urgence, une galerie de portraits, la pratique musicale
dans le cambouis ou la splendeur du quotidien.
Eric Rohmer, Ravel, Christian Vander, Barbara, Rembrandt, Fanny
Ardant... tous remettent les pendules à l'heure : l'art nous sauve.
Jane arrive rue Marcadet
avec deux kilos de mandarines.
— Tu aimes les mandarines ?
Un beau matin, elle reviendra avec une dizaine de croissants.
Elle, dotée d’un appétit d’oiseau, ne mange pas mais nourrit ses amis,
partage au sens premier du terme, son essentiel : leur repas. Jane, mère
heureuse, abecque son monde.
Paùl Jack bouscule la langue, secoue les modes et les hiérarchies,
embrasse l’époque.
Récit fragmentaire et éclaté – traversé par un chat –, l’ouvrage brosse
le portrait de deux musiciens et livre une photo en temps réel de la vie
d’artiste.
Toile chamarrée aux multiples nuances, il enveloppe le lecteur,
l’accompagne au soleil comme dans la tempête, le protège ou l’expose,
mais ne le quitte plus.
« Un édifice, un
mille-feuille de sensations et de sentiments. Une écriture de poète
affranchie des conventions narratives. Elle touche par la pudeur de sa
mélancolie, par sa fantaisie, par l’opacité réaliste qui nous renvoie à
l’inconnaissable de l’objet aimé. » Françoise Grard
« D'une langue mélodieuse, surprenante, l'auteur nous
invite à la rencontre de Paùl et de Jack, musiciens, liés par la passion
mélodique, le premier plus sombre se languit de l'autre, solaire et
insaisissable. La narration nous propose de les suivre comme on
feuillette des photos, dans des moments qui se suivent poétiquement,
rythmés par cette écriture séduisante, atypique et par les pensées d'un
chat gourmet versé dans l'art de faire ses griffes sur les livres. Un
trio d'esthètes qui valse pour notre plus grand plaisir. » Librairie Decitre
« Touchée. Emue. J’ai aimé l’ambiance un peu désenchantée, un brin
romantique. Nostalgique et pourtant très en prise avec l’actualité,
rapportée par une plume vive et ironique.
J’ai aimé l’écriture qui joue avec elle-même, toujours très précise et
surtout jamais dupe. Quelques beaux moments poétiques et de belles
lignes sur la création.
J’ai aimé les apparitions fugaces mais toujours si perspicaces
d’Isabelle.
J’ai vibré avec Paùl, partagé ses sensations et ses sentiments.
J’ai eu très souvent le sourire aux lèvres et j’ai même ri, et pas
uniquement en compagnie du chat.
Merci pour ce sensible et original moment de littérature. »
Jocelyne L.
« Paùl Jack. Entre ces deux-là,
pas de et, pas de trait d’union. Juste un espace que Paùl
voudrait effacer pour s’approcher de Jack, le connaître. Dans la vraie
vie et pas seulement sur scène, où Paùl trouve en Jack le partenaire
rêvé. C’est une histoire d’amour singulière, à sens unique, un jeu de
chat et de souris qui nous entraîne avec Paùl à la poursuite d’un amour
à portée de cœur, et qui pourtant nous échappe toujours. » Véronique
R.
« Paùl Jack est étonnant, déroutant souvent, touchant et parfois drôle.
J’ai aimé me balader au fil de ces mots et de cette musique. Je vais le
prêter à mon libraire maintenant… » Corinne S.
« Je trouve très forte la manière dont le roman casse la linéarité en
créant du manque, du vide, des trous. C'est ce qui rend le lecteur ou le
spectateur actif, acteur de ce qu'il lit ou de ce qu'il voit. Ce qui
implique immédiatement un effet de suspense.
Les pièces du puzzle sont
éparses, mais on parvient sans aucun mode d'emploi à le reconstituer.
Car il y a cette chose difficile à tenir : ne pas raconter ce que le
lecteur peut imaginer seul, enlever l'anecdote attendue et mettre en
lumière celle que l’on attendait pas.
Le mélange et la
juxtaposition - à la fois libre et très sophistiqués - des formes
littéraires nous conduisent dans un monde réel et fantasmé. Jusqu'au
personnage étonnant d'un chat philosophe, au centre et à l'extérieur de
l'action, qui monologue sur le monde en analysant, avec le même sens du
détail, la qualité de sa nourriture et le comportement de ses maîtres.
Il y a ces outils maîtrisés,
le mélange des temps, la science impressionnante de la syntaxe, la
richesse du vocabulaire, la langue qui se questionne elle-même.
Il y a dans Paùl Jack de
profondes interrogations qui ne trouvent réponse que dans l'empirisme,
l'aléatoire, l'immanence et… le hasard. Une partition parfaitement
construite qui donnerait pourtant l’impression de s’improviser, qui
s'inventerait au fil des pages et n'offrirait son secret que dans sa
rémanence. »
Jean-François Sivadier
PAUL JACK,
MULTICOLORE ET SENSUEL
par Camille Layer
Paùl a toujours rêvé de renverser la table alors qu’on lui renvoie
l’image de celui qui met sagement le couvert.
Tout est dit. Cette phrase à elle seule plante le décor, de plume de
maître. Nous présente, avant de nous l’offrir, un bouquet
d’émotions multicolores, multi-sensuelles qui nous ouvre les bras.
Pierre-Michel Sivadier transpose chaque sentiment, chaque émotion,
chaque instant avec une justesse exacte, cathartique, qui nous laisse
pantois, chamboulé, à notre tour par la réalité, la sensualité « tactile
» presque palpable de ses personnages plus vrais que nature.
Si tu tournes la page, il faudra te laisser porter. Accepter le trouble
ou goûter l’empathie lorsqu'elle se présente. La frustration, aussi, qui
se devine aux entournures d’un blanc de papier, soupir t’incitant à
reprendre ton souffle avant de plonger, aux côtés des personnages, dans
une fiévreuse incertitude.
Jack, « l’enfant de la lune » comme le perçoit Paùl, omniprésent et
pourtant si lointain. Toujours la tête ailleurs ou le nez dans son
téléphone.
Et qui pourtant ne répond jamais, submergé par cent, mille engagements à
la minute. Jack est au centre de tout. La note tonique vers laquelle
convergent toutes les pensées de Paùl.
Paùl, qu’il bouleverse, dont il fait basculer l’univers, le centre de
gravité dès les premières pages. Paùl, dont on suit chaque trouble
attisé par l’insaisissabilité de Jack. Paùl, enfin, qui se consume de
tendresse, dont le cœur est un livre ouvert sur l’instant présent, la
fulgurance de l’émotion.
On l’éprouve avec lui de plein fouet, tant les mots sont justes, soigneusement choisis pour que cette confidence nous parvienne. Nous
touche. A propos de Jack, à propos du monde. Le « Monde qui s’étire »,
se déploie en parallèle, couve, empiète, fait chavirer le quotidien et
affleure, à fleur de peau.
Nous rappelle son irrévocable réalité. L’arbitraire d’une tendance
rentable qui gangrène la musique et la création, pose des limites
étriquées aux artistes qui les détourneront quand même, pour que leurs
mots nous touchent.
Et puis, il y a le chat.
Un chat qui chemine nonchalamment dans cette histoire, comme s’il se
jouait de la plume de son créateur en plein travail, avec son caractère
bien trempé, bien félin. Coup de patte par-ci, coup de patte par-là
pour réorienter l’inspiration de l’auteur dans la bonne direction,
c'est-à-dire celle de ses envies.
Ce maître chat si drôle qu’on le prend au sérieux, avec sa gourmandise,
ses jeux, ses réflexions, ses caprices… Personnage à part entière,
sensible et souverainement jaloux de l’attention de Jack.
On dirait qu’il reprend à son compte cette frustration douloureuse de
Paùl, leur « petite » revanche à tous les deux, qu’il prend sur
l’étourderie de son maître en lacérant Beckett.
Paùl, qui n’a de cesse de créer, d’amorcer les occasions, voudrait
défier les oracles « sans quoi, comme il risque de regretter ». Il le
sait. Guette les réponses, attend...
Paùl, dont l’éternelle fatalité sera toujours de mettre le couvert sans
jamais oser renverser la table.
Adam et Bérénice est un texte de fiction écrit par
Pierre-Michel Sivadier
pour cinq étudiants du conservatoire Francis Poulenc.
Cinq jeunes interprètes musiciens, acteurs, danseurs, qui jouent ici
avec leur véritables prénoms : Adam, Bérénice, Maxence, Hugues et
Jérémie.
Le projet littéraire est de confronter ces jeunes artistes inscrits dans
notre époque à une langue poétique et singulière.
Solidement plantés au sol, définitivement faillibles, ils tutoient
Schubert et Léo Ferré, Rimbaud, Gainsbourg, Nathalie Sarraute, et
rêvent d'absolu. Ils se tiennent comme des
acteurs, dans l'effort de l'équilibre, mais à l'affût de tout ce qui
pourrait les faire lâcher prise, s'envoler vers les sommets et devenir
des Dieux.
«
— Et lorsque j’apprendrai que
j’aurais pu dévoiler mes cartes,
Que j’aurais pu d’un geste effacer le voile et paraître au grand jour,
Que j’aurais dû sous la toile laisser percer quelques signes,
Qu’il n’attendait que cela,
Qu’il aurait peut-être été troublé, mais qu’alors, il aurait suffit de
ne pas trembler,
Il aurait suffi de se présenter :
" Adam, j’ai besoin de te voir, j’ai
besoin de ce temps avec toi, j’ai besoin de tes mots, de ton regard,
j’en ai besoin pour ma sérénité. "
Lorsque j’apprendrai que j’aurais pu m’exposer ainsi et qu’il n’aurait
sans doute pas ri, sans doute pas fui, comme je risque de regretter de
ne pas l’avoir fait !
Comme je risque de regretter... »
Extrait de la postface
de l'ouvrage
Pour Adam et Bérénice
par
Jean-François Sivadier
«
Le corps est au centre d'Adam et Bérénice. Et, avant tout, celui des
acteurs, toujours visibles, en coulisses, au bord de la scène, attendant
d'entrer sur le plateau pour y faire une expérience.
Celle du théâtre et donc celle du présent. Celle d'un récit inénarrable
où s'embarque un quintet duquel se détache un trio où résonne, à peine
masqué, celui du Bérénice de Racine.
Pièce immobile où trois êtres hallucinés vont passer leur existence à
tenter de mettre des mots sur ce qui les construit et les détruit en
même temps: la présence de l'autre.
Ici, comme chez Racine, l'autre est autant un être de chair qu'un
paysage qui ravit ou dérange comme un tableau, qu'un pays que l'on a
peur ou que l'on rêve de visiter, qu'une énigme qui ne demande qu'à être
résolue. Mais aucune résolution, aucun message ne viennent conclure ou
soulager la fin d'Adam et Bérénice. L'autre restera un mystère et le
mystère va perdurer au delà d'une scène finale qui laisse le plateau en
apnée.
La poésie, comme la musique, ne souffre aucune explication.
En passant du trivial au sublime, de l'immobilité à la danse, en
manipulant le vocabulaire et la syntaxe comme des armes ou des caresses,
en confondant le désir et la haine, la violence des sentiments et la
poésie de leur expression, Adam, Bérénice et Maxence, jouent. Ils
jouent, et, au hasard d'une réplique, ils se donnent à eux-mêmes, le
mode d'emploi :
Pas de préliminaires, pas de psychologie, il faut jouer. C'est
immédiat. Essayer de ne pas penser, le spectateur fera le travail. »
Des frondes, des oppositions, ivres
de bonheur, parfois de colère. Des frondes étourdies d’où ressortent les
vagues, porteuses, puissantes. Elles vous enveloppent et vous soufflent
de poursuivre le chemin.
L'ouvrage contient de nombreux textes de chansons parmi lesquels
Comprendre les marées, Lavandières ou Saint-Malo la
bien-nommée ainsi que des textes en prose et poèmes en vers libres.
Sous le vent j’ai tracé
- qui planent en mon jardin -
Incendies déployés,
Pierres à portée de main
Et je les ai remodelés
À tous mes souvenirs.
Dans les eaux fortes de ton cœur,
Ai-je rêvé le fil
De cette force
Qui me ceint et qui délie mes pleurs ?
« Cette voix qui s’élève est à la fois
personnelle et universelle comme la signature de toute poésie. Dans ce
cas précis, l’autobiographie affleure juste pour donner cette couleur de
la sincérité qui renvoie le lecteur à lui-même. Il y a de très belles
images mais aussi des rythmes très simples proches de la chanson
d’enfance comme Verlaine ou Apollinaire ont su les construire. »
Françoise Grard
« – Tu es comme ces poètes
de sept ans
Qui se meuvent dans les cimes brûlantes
Sans jamais se blesser,
Observent les décorations,
S’approprient des sapins, immenses, illuminés.
Ils prennent la tangente et regardent le fleuve.
– Oh laissez-moi danser !
Sans jamais préjuger
Du ressort des vagues.
La nuit mange la cité.
Dans les vides ruelles
Aux murs délavés,
Je cherche le vertige.»
(Pina Bausch et
le fleuve)
« Tendre la
soie entre lune et ciel pour voir le soleil à la floraison… Les mots
de Pierre-Michel Sivadier n'ont de sens que parce qu'ils ont
l'exactitude lumineuse de sa musique. Des transparences de timbres, des
effluves de rythmes doux, des silences qu'il vous laisse habiter »
Alex Dutilh
« Pierre-Michel
Sivadier réveille voix, instruments, mélodies... un peu comme l’enfant
Rimbaud entourait l’Aube avec ses voiles amassées, et que nous sentions
à notre tour un peu de son immense corps. Ici, c’est musique et chanson,
issue de l’une, issue de l’autre. On se réveille, il est midi. On a fait
un voyage, comme on a fait un rêve. Il est déjà trop tard mais il est
encore si tôt. À peine saisi, déjà enfui (mélancolie), mais s’annonçant
à nouveau (joie). Le lyrisme chez Pierre-Michel, c’est l’instant. À
jamais, neuf. »
Jean-Marie Larrieu
Frondes
étourdies contient Pina Bausch et le fleuve ainsi que Nous
verrons, qui donne son titre à l'album de
Simon Goubert,
couronné par le Grand prix de l'académie Charles Cros en 2020.