é24 novembre 2019

Le temps passé merveilleux.

Ce titre de Christian Vander, j’eus aimé le trouver. Il évoque des images multiples, se lit dans tous les sens :

le temps passe, est merveilleux

le temps passe et merveilleux…

C'est une injonction à la René Char, un constat d'admiration, une conscience des jours qui filent et qu'il convient de ne pas laisser sans bonheur, un résumé de notre passage ; ce titre me transporte.

« Je te l'achète !  avais-je déclaré à Christian.

— Combien ? » répondit-il dans un sourire.

Car Christian, en plus du génie, a de l'humour.

C'était l'époque où il nous fallait près du piano, un magnéto prêt à bondir. Chacun l'avait constaté : la moindre idée doit être aussitôt enregistrée. Après, tout disparaît si vite...Il faut l'exact renversement, la respiration précise, le doigté, le phrasé saisis dans l'instant, pour retrouver le fragment intact, au cosme près disait Christian. Tout s'évanouit si rien n'est fixé. Le bleu qui n'appartient qu'à toi tu ne le retrouveras jamais. Le temps passé merveilleux.

Voilà pourquoi le studio me rend fou et fébrile à la fois. Voilà pourquoi je mesure la chance de travailler avec un ingénieur du son prêt au bon moment. Quand il faut saisir, toute affaire cessante, ce qui se joue là. Quand il faut déclencher alors qu'on ne s'était rien dit, qu'il s'agissait d'une simple répétition.

Art de capter l'inattendu qui finalement traverse toutes les disciplines : théâtre, cinéma, peinture, musique, danse, écriture ...

Pour ne pas s'en mordre les doigts. Aïe aïe aie ! Quels métiers !

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